mardi 27 mai 2014

Panther



Panther is a 1995 film directed by Mario Van Peebles. The film portrays the Black Panther Party for self-defense, tracing the organization from its founding through its decline in a compressed timeframe.

vendredi 28 mars 2014

Interpellation de Mohamed Chebaa, Conseiller communal PTB+, sur le racisme et la discrimination

Depuis 2012, en compagnie de Mie Branders et de Peter Mertens, Mohamed Chebaa siège au conseil communal anversois. Lors de la séance du 19 novembre, il a fait l’intervention qui suit sur le racisme et la discrimination.




Le plan pluriannuel de ces autorités communales consacre beaucoup d’attention à la diversité et à la discrimination. Chaque fois, une solution est proposée : apprendre le néerlandais. La discrimination disparaîtrait donc en parlant mieux le néerlandais. Imaginez que, l’an prochain, chacun dans cette ville parle et écrive suffisamment le néerlandais : le problème de la discrimination sur le marché de l’emploi sera-t-il pour autant résolu ? N’y aura-t-il plus de discrimination non plus sur le marché du logement ? Le personnel de la Ville sera-t-il brusquement le reflet de la composition de la population ? 

Tout le monde connaît la réponse : non. Parce qu’il ne s’agit pas que de la connaissance, mais aussi d’un problème bien plus fondamental : le racisme. L’un dans l’autre, les documents de ce conseil communal comptent 1588 pages, mais le mot « racisme » n’y figure nulle part. Ce n’est pas parce qu’on ne nomme pas le problème qu’il n’existe pas. Mais, et c’est bien plus grave, en ne nommant pas le problème, on ne l’abordera pas non plus. 

« Le racisme est un concept relatif qui est surtout utilisé comme excuse pour des échecs personnels. » « Il y a bien moins de racisme que nous ne le pensons. Nous nourrissons le racisme en en parlant. » Voilà ce que ce collège, ou du moins l’échevine Homans, pense du racisme. 

Navré. Avez-vous la moindre idée de la douleur que ce genre de discours provoque chez les demandeurs d’emploi qui parlent néerlandais et son nés ici, ont obtenu un diplôme mais qui, hélas, en raison de leur aspect extérieur, de leur origine, de leur nom, de leur foulard, de leur adresse postale, etc., n’ont aucune chance de s’affirmer, de faire leurs preuves ? 

Dans le plan pluriannuel de ces autorités communales, nous trouvons l’objectif suivant : « Tous les Anversois disposent de chances égales de participer à la communauté urbaine et de lui donner activement une forme. » Vous feriez mieux de changer cela en : tous les Anversois qui ne portent pas le foulard… Le concept d’« égalité des chances » est ici très relatif. Une jeune fille ou une femme avec un  foulard est confrontée à un choix : avoir du travail ou porter un foulard. Il manque de professeurs dans l’enseignement. Nous devons aller les chercher aux Pays-Bas ou dans ce qu’on appelle le « courant parallèle ». Mais moi-même je connais au moins cinq jeunes enseignantes capables et dynamiques qui ne parviennent pas à décrocher du travail dans l’enseignement de notre ville. Pas parce qu’elles manquent de capacités, mais bien parce qu’elles portent un foulard. 

« Chaque Anversois peut vivre sa propre conception de la vie dans des conditions optimales, tout en respectant les autres Anversois. » Mais nous allons rendre les choses un peu plus difficiles pour certains que pour d’autres. Par exemple, via une taxe vexatoire sur la fête du sacrifice.
Tout le monde doit apprendre le néerlandais, mais les listes d’attente pour les formations supérieures sont environ longues d’un mois et celles des formations inférieures vont même jusqu’à deux ans ! Égalité des chances ? 

Tout fonctionnera sans doute mieux avec moins de personnel et plus de bénévoles. Plus d’efficacité de la part du personnel qui reste : ce qui me fait me poser la question de savoir si, l’an dernier, tous étaient assis à se tourner les pouces. On a  déjà économisé 6 % sur le personnel. Ils travaillent déjà avec beaucoup plus d’efficacité et, de ce fait, le service est déjà moins proche des gens. Les attentes concernant les bénévoles sont très hautes et me semblent particulièrement irréalistes. 

À l’adresse particulière de l’échevin du Port, je voudrais encore dire quelque chose sur la diversité et le racisme. Nous sommes nés ici, nous avons fréquenté des écoles anversoises, nous parlons le néerlandais, et même l’anversois, si vous le souhaitez. Nous avons obtenu ici un, voire parfois plusieurs diplômes. Et pourtant : parce que je m’appelle Mohamed, mes chances de débuter dans le port d’Anvers sont minimes. Regardez autour de vous : c’est un port blanc ; de diversité, il n’est nullement question. N’est-il pas grand temps de créer une task-force, avec des chiffres et des objectifs à atteindre ? Le racisme institutionnel ne peut être abordé que par une saine gestion et une prise de décision politique. 

Le PTB+ a dénoncé les codes chez Adecco : Bleu Blanc Belge. Des dizaines d’entreprises demandent de ne pas embaucher de travailleurs d’origine immigrée. Volt a réalisé des reportages sous le manteau et a dévoilé la discrimination raciste sur le marché de l’emploi chez 6 agences d’intérim sur 8. Federgon, l’organisation patronale du secteur intérimaire, a dû elle-même admettre que 28 % des agences répondaient de façon positive aux demandes discriminatoires. Pas un mot à ce sujet dans le plan concernant le chômage des jeunes : comment est-ce possible ? Le racisme ne cesse de croître quand on n’en parle pas, Madame Homans ! Les chiffres sont là. Les histoires derrière les chiffres aussi. Des preuves formelles de racisme dans les reportages, les tests et les études, il y en a aussi, hélas. 

Quand je sais que mon père ou ma mère n’ont pas eu la moindre chance en raison de cette saleté de racisme, qu’ils n’ont pas pu s’épanouir, qu’ils ne se sont pas bien sentis dans leur peau, alors, moi-même, je vais me mettre aussi à douter de mon avenir. Me demander si mes études vont m’aider dans ce climat raciste, me demander si un diplôme va vraiment m’ouvrir des portes. Et non seulement moi, mais aussi mes enfants, et leurs enfants. Que dois-je alors leur raconter ? Dois-je me taire, comme vous le faites ? Toute une communauté est en butte à ces mécanismes d’exclusion. Et cela nous préoccupe beaucoup. Ce n’est pas un problème relatif mais un problème absolument et objectivement constatable. Et donc, oui, je parle d’un port blanc. 

Par diversité, je comprends : travailler ensemble, essayer de se comprendre les uns les autres, apprendre à se mieux connaître, éliminer ses préjugés. Oui, vous m’avez bien entendu : é-li-mi-ner ! Or de nombreux jeunes Anversois sont confrontés à un autre discours : « Vu votre personnalité, vous n’entrez pas en ligne de compte » voire même « tu n’es qu’un sale macaque ! » Personne ne peut sous-estimer l’effet de ces choses.
Dans ce budget pluriannuel, nous ne pouvons trouver nulle part la façon dont vous allez enlever cette lourde chape de racisme de nos épaules. Mais cela n’a rien d’étonnant non plus. Vous ne voyez pas le problème. Ou vous l’estimez « relatif ». Vous ne le citez pas, donc il n’existe pas. Et il n’y a donc rien à résoudre.
Au nom de toutes les personnes qui ont une autre couleur de peau, une autre origine, une autre langue maternelle, un nom de famille qui sonne étranger et un code postal quelque part du côté de Borgerhout, je dis : faites votre devoir. Et tant que le mot racisme ne sera pas évoqué, vous n’arriverez pas au fond du problème.

dimanche 16 février 2014

Penny for a thought (Saul Williams)

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Cancel the apocalypse
Cartons of the Milky Way with pictures of a missing planet
Last seen in pursuit of an American dream
This fool actually thinks he can drive his hummer on the moon
Blasting DMX off the soundtrack of a south park cartoon
Niggas used to buy their families out of slavery
Now we buy chains and links, smokes and drinks
They're paying me to record this, even more if you hear it
Somebody tell me what you think I should do with the money
Yes, friend tell me what you think I should do with the money
Exactly how much is it gonna cost to free mumia?
What's he gonna do with his freedom? Talk on the radio?
Radio programming is just that, a brainwashin' gleamed of purpose
To be honest, some freedom of speech makes me nervous
And you looking for another martyr in the form of a man
Hair like a mane with an outstretched hand
In a roar of hearts, thoughts, reactionary defensiveness and counter
Intelligence What exactly is innocence?
Fuck it, I do believe in the existence of police brutality
Who do I make checks payable to?
A young child stares at a glowing screen transfixed by tales of violence
His teenage father tells him that that's life, not that Barney shit
A purple dinosaur that speaks of love, a black man that speaks of blood
Which one is keeping it real, son? Who manufactured your steel, son?
Hardcore, ancient elements at the earth's core
Fuck it, I'mma keep speaking 'til my throats sore
An emcee told a crowd of hundreds to put their hands in the air
An armed robber stepped to a bank
And told everyone to put their hands in the air
A Christian minister gives his benediction
While the congregation hold their hands in the air
Love the image of the happy Buddha with his hands in the air
Hands up and feel confused, define tomorrow
Your belief system ain't louder than my car system
Nigga walked down my block with his rotwiler
A sub woofer on a leash each one teach one
The DJ spins a new philosophy into a barren mind, I can't front on it
My head nods as if to clear the last image from an etch-a-sketch
Something like Rakim said, I could quote any emcee, but why should I?
How would it benefit me? Karmic repercussions
Are your tales of reality worth their sonic laced discussions?
Suddenly, the ground shivers and quakes, a newborn startles and wakes
Her mother rushes to her bed side to hold her to her breast
Milk of sustenance heals and nourishes
From the depths of creation life still flourishes
Yet we focus on death and destruction, violence, corruption
My people, let Pharaoh go
What have you bought into? How much will it cost to buy you out?
What have you bought into? How much will it cost to buy you out?
What have you bought into? How much will it cost to buy you out?
How much it gonna cost to buy you out of my mind?
Penny for a thought, y'all niggas is half steppin' wastin' my time
Please, nigga what? You talkin' to me?
Please baby, baby, baby can I borrow
Can I borrow a nickel, a dime, and that quarter
Penny for a thought, penny for a thought
How much will it cost to buy you out of buyin' into a reality that
Originally bought you? Dime a dozen, y'all niggas a dime a dozen
Penny for a thought, nigga, c'mon, penny for a thought
Think fast, think fast, c'mon, time is money
Time is money, money is time
So I keep 7 o'clock in the bank and gain interest in the hour of God
I'm saving to buy my freedom, God, grant me wings, I'm too fly not to fly
I soared further past humans without wings so I soar
And fine tickling the feathers of my wings
Flying hysterically, over land numerically
I am seven mountains higher than the valley of death
Seven mountains higher than the valley of death
Seven dimensions deeper than dimensions of breath
Seven mountains higher than the valley of death
Seven dimensions deeper than dimensions of breath
We're performing an exorcism on all this keep it real-ism
Violence, sensationalism
In the name of the hip hop that nurtured me, cultured me
We are ordering all evil entities to exit this body, leave this body
In the name of microphone fiends and a young boy's b-boy dreams
We draw you to leave this body, leave this body
All evil entities, all wannabe emcees
Decoys, decoys, send in the true b-boys
The true b-boys be men, motherfuckers
Be men in the name of Scott la rock, in the name of T-la rock
Motherfuckers don't remember how to do the Reeboks
Walk, hop, I told you to leave this body, leave this body, leave this body
I told you to leave this body, leave this body
Motherfuckers must think I'm crazy
Shit, I think y'all motherfuckers is crazy
I want my fuckin' MTV
Penny for a thought, nigga, penny for a thought
What the fuck have you bought into

mercredi 12 février 2014

Max De Vries, le résistant et éternel rebelle, a 100 ans




Que je lui demande de m’accompagner à la présentation du livre de Peter Mertens, de venir témoigner pour des syndicalistes, de participer à une commémoration de Julien Lahaut à Seraing, de figurer sur la liste du PTB+ pour les élections ou simplement d’aller boire une verre à la réception de Nouvel-An du PTB du Limbourg, sa réponse est invariablement : oui. Si les jambes ont désormais parfois du mal à suivre, la volonté, elle, reste inoxydable. Tout comme sa combativité et sa vivacité, identiques à celles du gamin qu’il fut il y a bien longtemps...

 

Vouloir comprendre le monde

Avec Frans De Maegd, auteur de nombreuses vidéos pour le PTB, j’ai passé de nombreux après-midis chez Max De Vries, dans sa maison à Wellen, dans la Hesbaye limbourgeoise. Nous y avons tenu de longues conversations sur sa vie de partisan durant la Deuxième Guerre mondiale et sur son engagement politique de toute une vie. Max est un conteur passionnant et talentueux, clair dans son témoignage et prodiguant une abondance de détails intéressants, comme si les événements dataient de la semaine précédente.
    Max De Vries est âgé de 8 mois lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale. Son père est marchand de bétail à Wellen. Enfant, il a vu apparaître la première bicyclette dans le village. A l’époque, à peu près tout et tout le monde est catholique en Flandre, et certainement dans le Limbourg. Mais la foi catholique de l’enfant est mise à l’épreuve lorsque, à l’âge de 12 ans, il découvre dans son village l’hypocrisie de l’Eglise. « J’ai vu un cercueil être amené au cimetière, sans prêtre, seulement suivi par un enfant, se souvient-il. La défunte s’était suicidée et devait donc être enterrée sans bénédiction. Quelques mois plus tard, quelqu’un d’autre a mis fin à ses jours. Mais, cette fois, il s’agissait d’un gros propriétaire terrien. Lui, il a eu droit à une messe d’enterrement avec sept prêtres et beaucoup de tralala… C’est alors que j’ai abjuré ma foi. »
    C’était le début d’une vie de lutte farouche contre l’injustice et l’inégalité sociale. Les situations injustes ont éveillé sa curiosité et, désormais, Max lit tout ce qui lui passe sous les yeux. Après ses humanités au collège de Borgloon, il part étudier les mathématiques et la physique à l’Université de Louvain. Nous sommes alors au milieu des années 1930 et la crise bat son plein. Il apprend aussi tout ce qu’il peut sur le sujet : « Je lisais des livres, des magazines, des journaux, Le Drapeau Rouge, l’organe du Parti communiste belge (PCB), mais aussi Der Völkische Beobachter, le journal du parti nazi allemand. Je voulais comprendre le monde et en même temps combattre l’injustice, et c’est comme ça que je suis tombé sur Marx et Lénine. » Max poursuit : « J’ai vécu la grande crise de 1928 à 1932, avec les 6 millions de chômeurs en Allemagne, avec toute cette misère, ce malheur, les soupes populaires… Mais je suivais aussi ce qui se passait alors en Union soviétique : 1928-1932, c’était la période du premier plan quinquennal. En Europe, il y avait deux mondes qui se faisaient face. A l’Ouest, il y avait le chômage, la crise, la misère, le capitalisme ; en Union soviétique, à la même époque, l’industrie a été développée à un tempo rapide, et ce pays agraire et pauvre, avec une majorité d’analphabètes, s’est rapidement transformé. »

 

Communiste

« En 1934, par opposition à la société capitaliste, je me suis inscrit au PCB. J’étais entré en contact avec les dirigeants du parti à Louvain. Dans ma chambre, il y avait la machine à stencils, qui a d’ailleurs servi à tirer les tracts de la grande grève générale de 1936. » Max aidait à rédiger les tracts, et sa chambre d’étudiant du pensionnat à Louvain était devenue une petite imprimerie clandestine. L’activité a cependant été découverte par la police qui a effectué une descente dans la chambre de l’étudiant… dont la période louvaniste s’est alors immédiatement terminée. Communiste à l’Université de Louvain, voilà qui était tout bonnement impossible à l’époque.
    Max continue ses études à l’Université de Liège, où il rejoint un groupe d’étudiants communistes. Ces années-là, la guerre civile d’Espagne fait rage, et il participe à l’accueil et à la prise en charge en Belgique des enfants de combattants espagnols républicains. Il se rend aussi à vélo en villégiature à La Panne avec une petite tente, et constate le résultat des premiers congés payés. De nombreuses familles de travailleurs français viennent pour la première fois de leur vie profiter d’une semaine de vacances à la mer…

 

Chez les partisans

En 1940, il est mobilisé dans l’artillerie de l’armée belge et participe à la campagne des dix-huit jours. Il est fait prisonnier de guerre et atterrit à Terneuzen, où il peut effectuer son service dans la cuisine. C’est en rusant qu’il arrive à pouvoir rentrer chez lui. Au dirigeant allemand du camp, il dit qu’il est considéré par le gouvernement belge comme dangereux pour l’Etat. « Communiste ou nationaliste ? » lui demande l’Allemand. « Nationaliste », ment-il. Et le voilà autorisé à s’en aller. Il part à vélo vers Maastricht où il a laissé sa femme, puis retourne chez lui à Wellen. Là, il s’interroge : que faire désormais ? « J’étais un antifasciste convaincu. Que devais-je faire ? Etre un spectateur passif ou entrer dans la lutte ? » A Tongres, il recherche le secrétaire de la section du PCB, qu’il connaissait par l’aide du Secours rouge international. A deux, ils décident de mettre sur pied une organisation de résistance. Le 1er septembre, dans la maison de ses parents, il fonde le premier groupe de résistants du Limbourg, « Verzameling » (rassemblement). Ils adhèreront plus tard au Front de l’indépendance (FI, mouvement de la Résistance belge fondé par des communistes) et, les années suivantes, ils deviendront la terreur des mouchards et collaborateurs. Avec leur presse imprimée clandestinement, ils soutiennent le moral de la population. En 1941, sous leur direction, une grève est organisée dans les mines limbourgeoises. Mais, pour Max, la situation est devenue trop dangereuse et, recherché par la Gestapo (qui ne le trouvera jamais), il doit passer à la clandestinité.

 

Au PCF à Paris

A la recherche de travail – avec l’épisode de Louvain et l’éclatement de la guerre, il n’a pas pu terminer l’université –, il débarque à Paris en mai 1946. Dès son arrivée, il devient membre du Parti communiste français (PCF). Il travaille comme journaliste pour la radio française et s’occupe des émissions en néerlandais pour la diffusion à l’étranger. Dans ces « Émissions vers l’étranger », il y avait une cellule communiste à laquelle il s’était joint immédiatement. Il travaille pour des maisons de films et s’occupe des séquences d’actualités comme on en voyait jadis au cinéma avant le film. Cependant, il « adapte » régulièrement les commentaires des infos et prend pas mal de risques. « Dans les commentaires français, les résistants à l’occupation coloniale française de l’Algérie et du Vietnam (à l’époque l’Indochine) étaient invariablement appelés des «terroristes». Mais, dans les versions néerlandaises, je remplaçais ce mot par «vrijheidsstrijders» (combattants de la liberté). Ils ne l’ont jamais remarqué. »
    A Paris, il travaille comme un possédé, parfois deux jours d’affilée sans dormir. Avec l’argent qu’il gagne, il écume les antiquaires de Paris, et l’art devient sa nouvelle passion. Il commence à collectionner les œuvres d’art, les tableaux, meubles et objets anciens… Le résultat, époustouflant, est ce qu’il appelle, un peu moqueur, son « cabinet de curiosités ».
    Depuis vingt ans, il habite à nouveau son village de naissance, Wellen, avec sa femme Nicole. Sa maison est remplie de boîtes contenant des coupures de journaux des cinquante dernières années. En tant qu’encyclopédie ambulante, il est régulièrement sollicité par les professeurs d’histoire pour venir parler de la Deuxième Guerre mondiale et de la Résistance. Qu’il s’agisse d’élèves ou des syndicalistes, Max De Vries tient immanquablement son public en haleine. A plusieurs reprises, il a également témoigné devant les jeunes du Camp pour la paix.

 

Sur la liste du PTB+

Lorsque, mi-2012, je lui avais demandé s’il voulait figurer sur la liste du PTB+ pour les élections provinciales, sa réponse fut, comme toujours, affirmative. Du coup, il était le plus âgé des candidats de Belgique, ce qui a éveillé l’intérêt de la presse. Radio 2 (VRT) lui avait demandé pourquoi il figurait précisément sur cette liste-là. Réponse : « Pour moi, être sur une liste du PTB, c’est simplement poursuivre mon engagement. Le PTB est le seul parti qui défend les intérêts de la classe ouvrière, des travailleurs. » Et lorsque, quelque peu perfide, le journaliste lui objecte que le PTB n’est qu’un petit parti, il lui rétorque que « la classe des travailleurs est, elle, la plus grande partie de la population ».
    Pour Max De Vries, les six derniers mois ont été particulièrement chargés par les nombreuses séances de tournage d’un nouveau documentaire sur lui, en français cette fois. Lorsque je lui demande s’il tient encore le coup physiquement, il s’indigne et lance vivement : « Si tu veux que j’aille à nouveau parler quelque part, il faut absolument me le demander. Et tu ne dois certainement pas penser à mon âge ! »

Par Free Van Doorslaer






Stalingrad, l’événement le plus important du 20e siècle
Lorsque l’on demande à Max De Vries ce qui, selon lui, constitue l’événement le plus important du 20e siècle, la réponse est immédiate : la victoire de l’Armée rouge à Stalingrad en 1943. « Si les troupes de Hitler avaient alors gagné, explique-t-il, c’était le règne mondial du fascisme qui aurait pu devenir réalité. Parce qu’alors les armées allemandes auraient pu poursuivre vers le Caucase, vers Grozny et mettre la main sur les importantes sources de pétrole de Bakou. De là, cela aurait été un jeu d’enfant de s’approprier le Moyen-Orient. Les armées nazies y auraient été accueillies à bras ouverts, les peuples ne supportant plus la domination britannique. En outre, l’armée de Rommel était aux portes de l’Egypte et la jonction des deux armées aurait offert des possibilités stratégiques aux Nazis. Qui aurait empêché Rommel de poursuivre vers le sud à la conquête de l’Afrique ? Les Africains auraient pu prendre une revanche sur les coloniaux britanniques, français et belges. Et les armées allemandes, elles, auraient pu poursuivre sur le continent et rejoindre leurs amis fascistes du régime d’apartheid en Afrique du Sud. En Russie, après le Caucase, ils auraient pu traverser l’Oural et s’emparer des complexes industriels qui avaient été crées durant les plans quinquennaux. Ils auraient alors pu effectuer la jonction avec leurs alliés japonais en Asie de l’Est et du Sud-ouest.
Le monde entier, le Nouveau Monde excepté, aurait ainsi été aux mains d’un fascisme puissant et invincible. Qui aurait pu mettre fin à une puissance fasciste d’une telle ampleur ? »

« Je suis évidemment contre la N-VA »
Max De Vries était l’un des orateurs lors de la journée belge de la solidarité, action anti-séparatiste organisée par l’initiative citoyenne « Niet in Onze Naam/Pas en Notre Nom ». C’était le 7 mai 2011, époque où, par sa stratégie de pourrissement, la N-VA avait paralysé le pays pendant plus de 500 jours. Max: « Toute ma vie, j’ai été antifasciste. J’ai toujours combattu pour la liberté et pour l’unité de la Belgique. Je suis donc évidemment contre la N-VA et les séparatistes. »
     Il considère sa candidature sur la liste électorale du PTB+ en 2012 également comme une réponse au séparatisme et à la politique de crise : « C’est la première fois que je figure sur une liste mais, avec la crise actuelle, nous vivons un moment important dans l’histoire. Le PTB est le seul parti qui dit haut et clair que la crise doit être payée par ceux qui l’ont causée, pas par la population. »

source: http://www.ptb.be/nieuws/artikel/max-de-vries-le-resistant-et-eternel-rebelle-a-100-ans.html

Anton Makarenko : un art de savoir s’y prendre

 (...)
Anton Makarenko est convaincu que l’Union Soviétique est le pays qui, par la révolution sociale qu’il vient d’accomplir permettra l’avènement d’un homme nouveau. Il ne sera pas un homme différent (rien n’est plus éloigné de la pensée de Anton Makarenko que l’idée d’une transformation « psychologique » de l’homme) mais un homme qui, évoluant dans une collectivité organisée et juste, pourra alors contribuer à la réalisation du progrès et du développement et, ce faisant, se réaliser lui-même. Car, écrit Anton Makarenko, « je ne crois pas qu’il existe de gens moralement déficients. Il suffit de les placer dans des conditions de vie normales, de leur imposer des exigences définies, en leur donnant la possibilité de les remplir et ces gens deviennent des gens comme les autres, des hommes en tous points normaux. » L’éducation, la rééducation des délinquants, mais au-delà l’éducation tout entière doit concourir à créer les conditions de cet avènement. Pour ce qui concerne les délinquants, il ne s’agit pas de les amender mais de les mettre en condition de devenir des hommes, de créer avec eux une collectivité « d’un charme éblouissant, d’une véritable opulence laborieuse, d’une haute culture socialiste, et ne laissant presque rien subsister de ce dérisoire problème : amender l’homme ». Cette espérance chez Anton Makarenko n’a rien d’une utopie, n’est pas une illusion lointaine, c’est un but à atteindre, dont il rappelle constamment les difficultés, mais dont il est convaincu que la réalisation est en marche. 5
Cette espérance, cette conviction conduisent Anton Makarenko sur le chemin d’une éthique du courage et de la volonté. La transformation du monde est à portée de main, le courage et la volonté des hommes sont les conditions de cette transformation et ce, quels que soient les écueils et les revers. Anton Makarenko l’énonce en termes tout à fait clairs : « De chacun de nos pas on pouvait dire tout ce que l’on voulait, tant nous marchions au hasard. Il n’y avait rien que de contestable dans notre travail. […] Il n’y avait que deux points qui ne soulevaient aucun doute : notre ferme volonté de ne pas abandonner notre tâche, de la mener à sa fin, dût-elle être lamentable. Et il y avait encore la vie elle-même, la nôtre à la colonie et celle qui nous environnait. » Ne jamais renoncer, porté par la conviction que l’action est du côté de l’évolution, de la vie. Ainsi, l’éthique de Anton Makarenko est-elle articulée au fondement même de son espérance et de sa conviction. Construire ce monde nouveau est œuvre de courage, de détermination. Il ne travaille pas seulement à la réalisation de l’individu mais à la reconstruction du monde.
(...)

source: http://www.cairn.info/revue-reliance-2005-3-page-144.htm

ELOGE DE LA DIALECTIQUE (Bertold Brecht)

ÉLOGE DE LA DIALECTIQUE

L’injustice aujourd’hui s’avance d’un pas sûr.
Les oppresseurs dressent leurs plans pour dix mille ans.
La force affirme: les choses resteront ce qu’elles sont.
Pas une voix, hormis la voix de ceux qui règnent,
Et sur tous les marchés l’exploitation proclame: c’est maintenant que je commence.
Mais chez les opprimés beaucoup disent maintenant :
Ce que nous voulons ne viendra jamais.Celui qui vit encore ne doit pas dire : jamais!
Ce qui est assuré n’est pas sûr.
Les choses ne restent pas ce qu’elles sont.
Quand ceux qui règnent auront parlé,
Ceux sur qui ils régnaient parleront.
Qui donc ose dire: jamais ?
De qui dépend que l’oppression demeure? De nous.
De qui dépend qu’elle soit brisée? De nous.
Celui qui s’écroule abattu, qu’il se dresse!
Celui qui est perdu, qu’il lutte !
Celui qui a compris pourquoi il en est là, comment le retenir?
Les vaincus d’aujourd’hui sont demain les vainqueurs
Et jamais devient: aujourd’hui.

Bertold BRECHT (Traduction Marice REGNAUT)